Le bâton de pèlerin

Combien d’initiations doit-on traverser pour gagner la sérénité ?  La crise d’adolescence, l’attaque de la quarantaine, le démon du midi et que dire de toutes ces mises en garde sur les phases critiques d’un couple ?  Deux, sept et vingt ans seraient les étapes charnières voire critiques pour une relation.  J’attends toujours, mon couple flotte sur un nuage.
Pire que la crise qui est l’aboutissement d’un état d’être, il y a le doute qui n’en est que le commencement.  Tel un virus qui sabote un ordinateur, le vacillement bloque la créativité et procure une vague impression d’amnésie. Houston ne répond plus, la batterie, à plat! Aucun symptôme de burn out, ni de dépression, simplement le vide.  Comme les rhumatismes, le doute est un mal subtil.  Atteindre le centre du malaise s’avère difficile.
Qui n’a jamais expérimenté ces périodes de coma où on a l’impression de dégager autant d’énergie qu’une veilleuse de chambre d’enfant.   La stimulation! L’excitation! Voilà le remède. J’aime lire les opinions de Foglia, Nathalie Petrowsky, Denise Bombardier et la plume de Cassivi.  J’admire Marie Carmen pour sa résilience, Véronique Cloutier pour sa dignité, Sheila Fraser pour sa troublante honnêteté.  Je vibre à l’intensité d’Éric Lapointe et à l’humour acéré de Jean-François Mercier. J’envie le sang-froid de Guy-A Lepage. Le contrôle émotif de Sophie Thibault me rend jaloux. Simulacre? Apparence? Quelle importance ?
Évitons de confondre le jeu des apparences à l’emprise des apparences. Faire semblant d’être en forme pour rencontrer un client et répondre à ses attentes fait-il d’un employé un être faux et artificiel ?  Se redonner confiance en revêtant une tenue qui nous dynamise est-il de la frime ?  Pourquoi le vêtement ne serait-il pas notre bâton de pèlerin ?  S’appuyer sur une tringle ou être tiré à quatre épingles, n’est-ce pas le même désir d’être supporté, accompagné ?  Être à son meilleur s’entend, se lit et se voit.
Dans un monde idéal, nous quittons la maison pour le bureau gorgé de vigueur, en habitant notre corps et notre costume en toute conscience de nos faits et gestes.  Dans un monde réel, en mode pilote automatique, nous optons dans la penderie pour un kit qui a fait ses preuves.  La tenue qui nous attirera regards et compliments et qui camouflera momentanément notre période de doute.  « La tempête est bonne quand l’abri est sûr ». Giono
Annie est-elle dans le paraître parce qu’elle teint ses cheveux gris? Donald manque-t-il de sincérité avec ses dents blanchies? La correction au laser de la myopie de Josée va-t-elle à l’encontre du « faire naturel » ?  Les ayatollahs de l’être et les juges du paraître oublient-ils l’aspect réconfortant et soignant du vêtement ?  Font-ils la différence entre plaisir, souci de soi et dépendance ?
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. » dit l’adage.
« Ce qui me va bien se porte clairement et le style pour le dire se voit aisément. » rajoute l’analyste du comportement vestimentaire.

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