Habitez-vous la planète du lisse?

Selfie

Les préjugés, la discrimination et l’intimidation ont fait couler beaucoup d’encre et de larmes ces dernières années. Je me suis même demandé si mon implication dans le bien-être des gens concernant l’image corporelle n’avait pas altéré ma vision des choses et qu’en fin de compte, le discours sur le phénomène ne s’était pas trop emballé.

Mais après la lecture du dernier bouquin de Jean-François Amadieu, LA SOCIÉTÉ DU PARAÎTRE, Les beaux, les jeunes…et les autres, je me suis ravisé. Recherches et statistiques à l’appui, l’auteur fait le bilan des discriminations associées à un handicap, à l’état de santé, à la silhouette, à la taille, à l’âge et à la couleur. Toutes se traduisent sous forme d’injustices au quotidien.

La prime à la beauté, à la jeunesse, à la bonne santé, à l’érotique, au maquillage et autre, influence les choix des recruteurs, les relations de travail et évidemment les relations interpersonnelles.

Le phénomène narcissique est amplifié par l’utilisation des réseaux sociaux et s’est infiltré dans presque tous les aspects de nos vies. Être beau, mince, performant, sportif; avoir de beaux vêtements, une belle poitrine, des traits parfaits, du beau, du beau, que du beau. Les produits de beauté ont fait place aux applications d’embellissement des photos. Si vous n’êtes pas beaux, point de salut. Il est préférable d’habiter la planète du lisse, une peau lisse, une pensée lisse et un comportement lisse.

Selon l’auteur, une belle poitrine plutôt qu’une belle personnalité serait le nouveau fantasme des hommes. Du fait que l’on se marie tardivement, que les relations soient courtes et nombreuses, sans engagement et sans affection, les pousse à focaliser sur le physique d’une possible conquête en reléguant les autres aspects.
«Le cadre dynamique aura pris des couleurs en golfant ou en faisant du jogging : c’est rassurant pour les employeurs, il est en pleine forme ».

LES DOMMAGES COLLATÉRAUX

Je m’intéresse aux dommages collatéraux de ces images qui empoisonnent la société. Les effets dévastateurs sont insidieux et s’infiltrent dans nos derniers retranchements. On rame à contre sens. L’image corporelle est un château de cartes.

À titre d’exemple, Amadieu, qui est impliqué dans l’Observatoire des discriminations, université de Paris-l-Panthéon-Sorbonne, affirme que les utilisateurs de Facebook sont plus insatisfaits de leur corps et ont plus de désordres alimentaires que ceux qui ne sont pas sur ce réseau social….ils sont aussi plus préoccupés par leur silhouette et veulent, plus que les autres, être minces…Non seulement on est obsédé par son apparence, mais les images des autres rendent jaloux.

…aux États-Unis, une femme qui pèse trente kilos de plus qu’une autre gagne 9% de moins, ce qui correspond à une année et demie d’études ou bien à deux années d’expérience professionnelle.
Les hommes ne sont pas épargnés par les méfaits des apparences : «…les jeunes hommes aimeraient avoir 13 kilos de muscles supplémentaires et sont convaincus que les femmes apprécient les hommes plus musqués qu’eux.»

«Nul n’échappe désormais à sa responsabilité face à l’image qu’il donne aux autres, il vaut ce que vaut son image». David LeBreton, Éthique de la mode féminine.
Et c’est là que le bât blesse. Non seulement sommes-nous assaillis par ces «winners» qui font partie du groupe sélect des beaux, jeunes et minces mais selon Danielle Bourque, auteure de À 10 kilos du bonheur, que j’ai consultée avant d’écrire mon blogue, «Une nouvelle norme s’est installée avec le livre paru en 1991: il faut s’accepter, créant un étage de plus. On ne peut plus nommer que cela est dur. On est censé être au-dessus de tout cela.»

Marie-Claude Élie-Morin dans son bouquin LA DICTATURE DU BONHEUR, corrobore ces dires.
«Le bonheur est devenu un impératif, au même titre que la minceur et le succès professionnel. Santé physique, équilibre mental, vie de couple, finances : on met constamment en avant la nécessité d’avoir toujours une attitude volontaire et «positive », parfois au mépris de la réalité.»

Résultat : la culpabilité d’avoir failli à la tâche, de ne pas avoir réussi à mâter le corps, crée un sentiment d’échec, de dépréciation de soi. La comparaison aux images sans défaut qui nous sont offertes et qu’on envie donne l’impression d’avoir perdu le contrôle de sa vie et crée même l’humiliation. Cette forme de défaite s’associe souvent à la notion de valeur. Ai-je moins de valeur marchande aux yeux de mes clients, une cote qui rapetisse auprès de mes amis ou est-ce seulement à mes propres yeux que ma valeur a diminué? Et que dire de l’insatisfaction permanente engendré par ces questionnements qui attaquent de plein fouet notre estime personnelle et ébranlent notre confiance, nous plongeant parfois dans une faillite morale.

On ose se demander ensuite pourquoi tant des gens acceptent mal de vieillir, que d’autres obsèdent maladivement sur leur poids, que la demande pour des chirurgies esthétiques ne cesse d’augmenter, que l’estime et la confiance en soi sont en voie de devenir une industrie?

Suite à mon blogue sur le phénomène Safia Nolin le 2 novembre dernier, quelqu’un m’a acheminé ce message : «Quel perte de temps…il y a tellement de choses dont on devrait s’indigner……..la pauvreté…..la violence…l’état de notre planète…….et Safia fait la manchette….??? est-ce que c’est juste moi ou……»

Ce à quoi j’ai répondu : «Ce que vous affirmez est bien mal comprendre la détresse qui habite beaucoup de gens face à leur image visuelle et corporelle. Justement, à force de se faire répéter qu’il y a pire que cela dans la vie, les gens se réfugient dans le silence croyant qu’ils sont “anormaux” à cause de leurs inquiétudes. Si on pouvait parler librement de notre mal-être relié à l’image sans se faire rabrouer ou pire encore toujours ressasser la même vieille rhétorique de l’être et le paraître. Cela aussi m’indigne et je ne suis pas pour autant insensible à la pauvreté et la misère dans le monde. Souffrir dans son image est aussi une forme de souffrance ainsi que la pauvreté de l’âme. Mais je comprends que le dossier Safia prend beaucoup de place».

Par les temps qui courent, il faut être bigrement équilibré pour ne pas se sous-évaluer à travers un miroir déformant et céder à ce vacarme qui nous empêche de nous concentrer sur nos atouts et qui nourrit l’image négative que nous avons de nous-mêmes? Ne jamais oublier cette question, tirée de la Psychanalyse jungienne, «Qui es-tu quand personne ne te regarde? »

LA RÉSISTANCE S’ORGANISE

Michèle Marin, Styliste pour femmes et formatrice, dessert une clientèle féminine dans la soixantaine et constate un changement dans la relation au corps et au vêtement chez sa clientèle. «Les femmes veulent mieux se connaître, veulent être bien et cela n’est pas un phénomène passager, un leurre». Selon elle, les gens ne voudront pas retourner en arrière. Les femmes ont changé leur façon de voir. La mentalité a évolué parce qu’on propose d’autres modèles qui leur plaisent. Elles ne veulent plus de ces modèles stéréotypés.» Mon style peut-être charmant même si je ne suis pas la beauté de l’heure, affirment ses clientes.

Anne Richard qui a publié en décembre dernier DU MIROIR À L’ÂME, La quête de l’amour de soi, propose un programme : faire la paix avec votre corps-miroir en 15 semaines.

Quant à elle, Youmna Tarazi, Experte en cohérence identitaire et image de soi”, offre à Paris une formation « Votre garde-robe de la peau à l’âme. » Elle a aussi monté un spectacle sur les habits, l’identité et la mémoire du corps, Pourquoi les anges s’habillent en blanc?, où elle se produit seule sur scène.
Mon atelier «Je vêts bien» s’inscrit dans cette démarche de comprendre le lien que nous entretenons entre notre corps, notre vêtement et notre bien-être.

«Il était inévitable que le culte de la beauté, de la minceur ou de la jeunesse finisse par provoquer des refus et des réactions dans l’opinion publique» Jean-François Amadieu.

Là-dessus, devrais-je vous souhaiter une bonne ou une belle année?

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crédit photo: Ebay


Oui elle est grosse Safia Nolin! Oui elle dérange avec son look. Mais qu’est-ce qui nous fait autant réagir?

sofia-nolin-gala-de-l-adisq-2016Le Gala de l’ADISQ, la grande messe de la musique, a été prise dans la circulation de l’autoroute des apparences dimanche soir à Radio-Canada. «Plus ça change, plus c’est pareil», répète-t-on souvent, mais cette fois-ci, la mesquinerie et la méchanceté méritent le trophée de la soirée. Je parle bien entendu de tout ce tollé autour du look de Safia Nolin, découverte de l’année à ce gala.

Difficile parfois de décrypter les commentaires des gens. Mario Pelchat qui portait un veston du créateur québécois Gilbert Dufour il y a des décennies de cela lors d’un gala semblable, avait été ridiculisé à cause des motifs atypiques de ce veston. Comment le rossignol du Saguenay (ou du Lac), gentleman, propre de sa personne, beau, charmeur, mince, pouvait-il être la cible des médias? À cause d’un veston!

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À l’opposé, à un autre gala, Kevin Parent, le beau Gaspésien ténébreux, montait sur scène arborant un style «dress down» des années 90 en jeans et t-shirt à manches courtes. On a interprété sa timidité maladive de l’époque à de la condescendance et son look à de la confrontation.

Fanny Mallette, l’excellente comédienne, a pour sa part fait une sortie lors des Prix Gémeaux il y a quelques années concernant les commentaires désobligeants sur les tenues de nos vedettes québécoises, alléguant que les comédiens d’ici n’avaient pas les moyens des Américains pour se payer de la griffe (québécoise).
Ses commentaires sont tombés à plat.Décidément, le look est la galle des galas.

Les Québécois et le rapport à l’apparence

C’est la beauté du cœur qui compte, croit-on. Oui, entre amis et membres de la famille. Non dans la société et dans notre quotidien, c’est un leurre. Avec tous ces articles qui pleuvent depuis dimanche au sujet de Safia, la beauté du cœur n’est pas invitée. Oui elle est grosse la Safia! Oui elle dérange avec son look. Mais qu’est-ce qui nous fait autant réagir? Selon Marie-Louise Pierson, psychanalyste et auteure de L’Image de soi «On juge et on est jugé sur les apparences».

Cela nous met en rogne d’être coté sur un aspect de notre vie qu’on ne réussit pas à contrôler, notre apparence. C’est aussi notre propre insatisfaction qu’on projette sur les autres. Sans le savoir, Safia Nolin a servi de miroir à ceux et celles qui sont insatisfaits de leur apparence et qui souhaitent atteindre la perfection, tout groupe d’âges confondus. «C’est leur détestation d’elles-mêmes que crient les femmes qui s’en prennent furieusement au look de Safia Nolin…C’est sa liberté qui les confronte et les effraie». Geneviève St-Germain, Facebook, 1er novembre 2016.

Cela peut-être le message de Safia : «Tiens, ma gang de paumés» ou aussi «Je n’en peux plus, je baisse les bras, pensez ce que vous voulez» Safia dirait sûrement «crissez-moi patience, ma cour est pleine». Ce à quoi répondrait Lise Ravary sur Facebook «Si Safia Nolin est une icône féministe, je rends ma carte de membre».

Parfois je perds patience dans mes conférences et mes ateliers parce que cette dynamique des apparences touche tout le monde, mais nul ne veut prendre sa part de blâme. Voici un exemple : «Ma fille est grosse et elle a l’air d’une lesbienne» me lance une dame. Je prends la balle au bond et lui demande : «Vous vous inquiétez vraiment d’elle ou si c’est plutôt votre image de mère qui est ternie et vous avez honte? Avez-vous peur qu’on vous prenne pour une mauvaise mère qui a raté l’éducation de sa fille? Si elle était mince et portait du rouge à lèvres, serait-elle plus féminine, une lesbienne plus acceptable? Ah! J’oubliais, vous n’êtes pas certaine qu’elle soit lesbienne.»

Dans leur livre, «Le code Québec», les auteurs Jean-Marc Léger, Jacques Nantel, Pierre Duhamel proposent les sept différences qui font de nous un peuple unique au monde. Un de ces traits est : La faute aux autres (victime) …«Le résultat est qu’on laisse les autres décider, mais on est bon pour chialer, explique M. Léger. Si un jeune ne réussit pas, on dit que c’est la faute de l’enseignant. Si ça va mal au Canada, c’est la faute des Anglais et du fédéralisme.»

Serait-ce la faute du gala lui-même cette histoire de look? «Alors, en alimentant moins l’image projetée, est-ce qu’on pourrait amorcer le processus de changement vers un traitement équitable des gens, de nos artistes, de nos voisins, qui ne se basent pas sur l’apparence? ET SI LE PROBLÈME C’ÉTAIT LE PROTOCOLE DES GALAS ET NON LE LOOK DE SAFIA NOLIN? Stéphane Morneau, Blogue, La boîte à images, dans le Journal Métro du mardi 1er novembre 2016

Est-ce aussi la faute du gala si les caméras se sont tournées vers Denis Coderre quand l’animateur a abordé le sujet du poids des trophées? On peut rire du poids des hommes, ce n’est pas pareil, c’est juste drôle. Anne-France Goldwater pourrait vous le démontrer!

Un débat sur les apparences

Essayez d’imaginer un débat sur les apparences. Impensable dans le climat actuel. Un débat cependant qui donnerait la chance de voir la vraie nature des gens. Des gardes du corps, des pitt bull, des policiers, des journalistes fichés par le SPVM, des femmes indignées, des misogynes, tout le monde aurait son mot à dire sans écouter celui de l’autre.
«Les Québécois ne savent pas débattre; ils s’insultent ou se contentent de cataloguer les individus au lieu de discuter de manière profonde les idées défendues par autrui», Jean-François Caron politologue, cité dans le livre Code Québec, au sujet d’un autre trait de caractère des Québécois : le CONSENSUEL (pas de chicane)
Serait-ce que certains mots se présentent en duo : grosse lesbienne! grosse tabarnak! Ostie de grosse! Criss de fif!? Et autres mots doux d’un riche vocabulaire utilisés dans ce type de derby de démolition.

Sommes-nous hypocrites? Non! Incohérents? Oui! Le dossier «apparence», comme celui de la politique, suscite trop de passion. Mais il faudra bien un jour laisser la place à ceux qui peuvent parler des apparences avec respect.

Un brin d’éducation vestimentaire dans les écoles permettrait aux jeunes de réfléchir sur ces termes : le look, le style, la mode, les préjugés, les apparences, la peur du regard de l’autre, les fausses croyances, la symbolique vestimentaire et surtout, le vêtement, outil de communication.

«La laideur n’est pas toujours celle que l’on croit reconnaître. Elle se terre parfois au fond de gens qui, confortablement installés devant leur tété, déversent leur fiel sur Twitter» C’est qui elle?» Mario Girard, La Presse, mardi 1er novembre « Quand Twitter déverse son fiel.»

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Crédit photo: www.lookdujour.ca


Le degré de satisfaction de nos apparences

etude-satisfaction-clients-btobtoc-force-plusL’image et les apparences, le look et le style ont ceci en commun : la difficulté que nous avons à en être pleinement satisfaits. Et pourquoi cela? Parce que souvent dans notre démarche vestimentaire, nous sautons des étapes plutôt que de suivre un processus logique. Nous partons du résultat final, la plupart du temps plus ou moins satisfaisant, pour entamer un questionnement sur notre allure, ce qui aurait dû être fait au tout début.

Prenons la construction d’une maison. Il faut d’abord élaborer un plan, même sur un bout de papier, question de donner forme à notre désir, parfois avec l’aide d’un expert. Partant de là, une logique des étapes à faire va s’imposer : choisir l’emplacement précis, vérifier l’état du sol (contaminé, glaiseux, rocheux, sableux) puis creuser ce sol pour y couler les fondations, le socle sur lequel reposera notre habitat. Ériger les murs, déposer les fermes de toit sur lesquelles la toiture prendra forme, isoler les parois, installer le revêtement extérieur et décorer l’intérieur. La finition, c’est-à-dire les menus détails, donnera le ton à ce projet devenu réalité. Et pourquoi pas une haie d’arbustes ou une clôture de bois ou de fer forgé pour encadrer notre chef-d’œuvre?

Dans l’élaboration de notre style, nous procédons trop souvent à l’inverse : nous débutons par la finition. Un achat impulsif par-ci, un kit tendance par-là, les accessoires, la chevelure, pour ensuite évaluer le produit final. Résultat : les vêtements achetés s’accumulent tel un tas de planches empilées sur le côté de la maison.

L’industrie de la construction domiciliaire est encadrée par un code du bâtiment explicite qui permet une homogénéité et garantit la qualité de nos maisons (en principe). Une construction vestimentaire, elle, repose sur des données glanées dans les chroniques à la télévision, dans les magazines de mode, en s’inspirant de nos vedettes préférées ou encore en s’offrant les services d’une styliste professionnelle. Ces sources d’information se penchent rarement sur le questionnement intérieur suscité chez les consommateurs ni sur leur état émotif à l’égard de ce qui leur est proposé.

Si on compare la démarche vestimentaire à celle de la construction d’une maison, la première étape serait d’abord de s’interroger sur la qualité de notre état d’esprit du moment (la qualité du sol) et notamment, comment se porte notre estime de soi. Couler du béton pour les fondations sur un sol incertain ne promet rien de bon. Si les assises sur lesquelles nous construisons notre apparence sont fragilisées, aucun vêtement, aucun style ne nous rendra grâce et ne saura nous satisfaire. « L’idée que nous nous faisons de nous-même est le socle sur lequel se construit une image de soi juste. » Marie-Louise Pierson.

Les lieux

L’étape suivante consistera à identifier les lieux, les circonstances où nous prévoyons porter tel vêtement (l’emplacement) : au travail, pour rencontrer un client, lors d’une activité quotidienne, pour séduire dans un bar…

Les murs

Notre corps se compare à une charpente architecturale sur laquelle reposera un habit, une robe de soirée, une tenue de travail. Malheureusement, peu de gens font une évaluation juste de leur image corporelle et ont tendance à vouloir camoufler des formes qui n’existent que dans leur imaginaire. Changer le regard sur soi avant de changer de vêtements est à conseiller; mais contrairement aux constructeurs, nous possédons peu d’instruments de mesure pour jauger avec précision notre potentiel physique.

Le revêtement extérieur

Au-delà des coûts, le choix du revêtement extérieur correspondra au style de la maison et par-dessus tout, à la personnalité des propriétaires. Maison de ville ou de campagne, condo, chalet, cabane dans un arbre, l’habit de la maison s’harmonisera avec son allure, qu’il suffise d’imaginer une maison dans un arbre en pierres des champs ou une maison en bois rond à l’Ile-des-Sœurs.

La toiture

Notre port de tête (la tête que nous faisons), l’assurance ou le doute que nous dégageons, la manière dont nous habitons notre vêtement (avec conviction, hésitation, retenue) couronneront le tout. Rappelez-vous que les paratonnerres, les antennes et les émetteurs s’installent habituellement sur les toitures des maisons afin de maximiser la transmission des ondes. L’impression que nous laissons derrière nous est directement associée à la vitalité ou à l’indolence que nous dégageons.

L’intérieur

« Garder le plaisir pour la fin », dit l’adage. Aménager et décorer l’intérieur de sa maison procure une grande satisfaction même si cette opération requiert temps et argent. On a tous dans notre cercle d’amis quelqu’un qui se fera un plaisir de nous conseiller, qui connaît « ze place » en ville pour dénicher des trésors bon marché et qui consulte tous les magazines de décoration. Mais les amis avec qui on peut étaler nos malaises et nos tourments se font plus rares. La peur de décevoir, nos tabous et la gêne constituent un frein à vouloir partager nos conflits intérieurs avec autrui. Nous croyons à tort que « faire semblant » corrigera le tir. Le vêtement participe à cette tricherie.

La clôture

Et pour entourer notre nid douillet, une clôture. Cette enceinte à l’intérieur de laquelle se retrouve notre maison délimitera notre territoire et nous protégera des regards indiscrets. Une cloison basse permettra aux intrus de s’immiscer dans notre quotidien et aux malavenants de porter jugement sur notre style de vie alors qu’une barrière trop haute nous isolera de nos semblables et nous privera peut-être de l’approbation des autres, cette validation que nous associons à de l’amour.

L’appréciation de soi, de son emballage, de son environnement et de son intériorité dépend de nombreux facteurs tant conscients qu’irréfléchis, mais nul n’est besoin de démolir la maison à cause d’une fissure.

 

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Modus Operandi: le vêtement, une extension de soi

chic

freluquetLE FRELUQUET

Marius, surnommé le freluquet, vit dans l’ombre de son frère aîné Florentin le tatillon, prospère homme d’affaires qui fait ombrage non seulement à ses enfants mais aussi à ses frères et sœurs. Marius, le cadet de sa famille souhaiterait être considéré avec autant d’admiration que son richissime frangin.
Peu doué pour les affaires il s’est réfugié dans la lecture et croit être un poète en devenir. Pour impressionner la galerie et attirer un peu de lumière de son côté, il épilogue sur l’actualité et abuse des formules toutes faites. Il pige son information dans les grands titres des médias sur le web et s’approprie les commentaires des analystes politiques. Il laisse traîner chez lui dans un désordre organisé sur sa table de salon des magazines volés dans des salles d’attente. À trop vouloir bien «perler» il s’enfarge dans les expressions et sème autour de lui la suspicion sur son savoir. Des chiens «bouviers bernache», des chaudrons «Langoustina», des manteaux de «rat musclé» ou le légume «boy choy», amusent son entourage davantage qu’elles ne l’impressionnent. En plus de ses diarrhées verbales et de ses crâneries, il a développé la fâcheuse habitude de reprendre les gens sur leurs choix de mots et la syntaxe de leurs phrases.
Il écrit des textes poétiques basés sur des jeux de mots qui suscitent un intérêt mitigé chez ses lecteurs et attirent le sarcasme. «Ton corridor, Ton corps y dort»; «Une montée de lait, Une montée de laids»; «Ampleur, En pleurs»; «Pluvieux, Plus vieux».

Alors que Marius le freluquet fait les coins ronds, Florentin le tatillon, son frère, est obsédé par la perfection. La hantise des lignes droites est un phénomène récurent chez lui, à preuve ce supplice qu’il impose à ses passagers quand il stationne sa Audi A8. Monsieur l’empereur stationne son bolide de reculons, question de sauver du temps quand il repartira mais surtout pour exposer la calandre chromée de son char. À la façon d’un airbus qui atterrit guidé par les lumières de la piste il s’aligne sur les lignes jaunes de l’espace de stationnement pour se garer. Il laisse le moteur tourné, sort de la voiture et jette un premier coup d’œil sur ses performances de routier. Trop à gauche. Il déplace le bolide et recommence son scénario. Trop à droite, il bouge à nouveau la voiture. À la troisième tentative, le voilà comblé par son travail de précision. L’auto est centrée à égale distance des lignes de stationnement de chaque côté. Un homme satisfait.
À la maison, les jours de spaghetti il garde près de sa serviette de table le journal du jour qu’il feindra de lire pour se soustraire au carnage des pâtes qui pendent de la bouche de ses trois enfants, mal appris selon lui. Lina, son épouse, joue avant tout un rôle de médiatrice et redoute les conflits entre son époux et ses enfants concernant les bonnes manières à la table.

LE VÊTEMENT, UNE EXTENSION DE SOI
Florentin, qui contrôle d’une façon excessive les moindres détails de ses enfants et de ses employés de peur que quelque chose lui échappe, est-il aussi tracassé par son apparence? Marius, l’archétypal personnage qui s’invente un rôle de toute pièce pour attirer l’attention, sonne-t-il aussi faux avec ses tenues vestimentaires qu’avec sa verve mal structurée?
Nous transférons, inconsciemment, nos attitudes dans la garde-robe. Peut-on imaginer Florentin, cet homme rigide, porter un t-shirt et des jeans troués lors d’une réunion au sommet de son entreprise? On remarquera son sens du contrôle par la rigidité du col de sa chemise et les manches fermement retenues par des boutons de manchettes telles des chaînes. Ses bas, qui portent ses initiales, attirent le regard dans des chaussures polies quotidiennement.
Marius, lui, à trop vouloir impressionner, se désincarnera et ressemblera davantage à un clown qu’à un poète en résidence. Ses fautes de goût auront autant d’impact autour de lui que ses fresques littéraires. La crédibilité d’un personnage est basée sur sa sincérité et son honnêteté. Cela se perçoit et s’entend.

NE PAS SE METTRE LA TÊTE DANS L’AUTRUCHE
Selon moi, certains de nos comportements se retrouvent dans plusieurs secteurs de notre vie. Ma théorie n’est nullement scientifique et repose simplement sur l’observation de femmes et d’hommes qui ont participé à mes ateliers sur la relation au vêtement. J’essaie d’amener ces participants à reconnaître des manières d’agir, des réactions qu’ils reproduisent tant dans leur relation au vêtement que dans leur relation au travail ou encore à la nourriture. Plutôt que de dissocier nos comportements vestimentaires des autres habitudes que nous avons développées tout au long de notre vie, nous devons les intégrer puisqu’ils sont complémentaires. Hérésie, croyez-vous?
Pour paraphraser cet ancien député provincial qui, à vouloir impressionner son auditoire comme le fait si bien Marius, nous a offert ce délice : «Il ne faut pas se mettre la tête dans l’autruche», je pense que sous-estimer notre relation au vêtement ne fait qu’amplifier notre difficulté à développer notre signature vestimentaire.
Malheureusement, puisqu’on associe encore le vêtement à la futilité, il devient difficile de le considérer à valeur égale avec les autres activités de nos vies alors qu’il est un trait d’union marquant dans les étapes de notre évolution. Parler de nourriture, de littérature ou de musique nous expose moins au phénomène des apparences, trois sujets nobles s’il en est par les temps qui courent. Cependant, entretenir une discussion sur le vêtement ouvre grande la porte à la notion d’artificiel, au danger de ternir l’authenticité et à toutes les autres conneries résultant de la connaissance succincte du rapport vêtement/corps/estime de soi.

Crédits photo: www.astucesdefillles.com et www.aliexpress.com

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Les stars sont-elles devenues nos poupées de papier?

papier Marilyn

Enfant, j’observais mes sœurs qui découpaient des vêtements et les accrochaient à des poupées en papier. Elles choisissaient les tenues selon leur humeur ou leur inspiration du moment. Le thème de la plage succédait à celui de la tenue de gala en passant par un style des années 1920. Elles étaient les maîtres d’œuvre des looks des poupées de papier et avaient plein contrôle sur leur apparence.

Les vedettes et les célébrités sont-elles nos poupées de papier de l’ère du numérique, nos toutous à qui on prête voix, nos petits animaux de compagnie sur qui on transfère notre trop-plein d’amour ou nos irritations du quotidien.

« Aujourd’hui, nous te voulons comme ceci et non comme cela. Tu te dois de nous obéir et de ne pas nous décevoir », semble être le mot d’ordre des internautes à leurs idoles. Après les diktats du clergé d’avant la Révolution tranquille au Québec, les diktats des bureaux de tendances pour la mode voici maintenant les diktats des frustrés.

EMMANUELLE BÉART

Prenez l’exemple d’Emmanuelle Béart prise en photo au tournoi de tennis à Roland-Garros en France le week-end dernier. Aucune censure de la part des internautes. Le bashing dans ce qu’il a de plus intense, une ponctuation démesurée dans les échanges. Sa chirurgie labiale ratée a surchauffé les réseaux sociaux. La poupée de papier était fripée et cela a déplu aux gérants d’estrade.
« Du naturel. On veut du naturel », clament les spectateurs devant l’échafaud du bourreau prêt à trancher les têtes des désobéissants qui causent de la peine à leur public. « La sincérité. On veut la sincérité », demandent les purs et durs de l’authenticité.

On exige que nos vedettes se présentent sous leur vrai jour. Quel vrai jour au fait? Le vrai jour devant leurs amis, le vrai jour pour les ego portraits, le vrai jour en pyjama dans leur maison. La poupée de papier ne sait plus où donner de la tête. Être naturel? Ben non! Dites-donc les vraies affaires. On devrait plutôt dire : « J’ai réussi un maquillage qui fait naturel, c’est-à-dire que personne ne se rend compte que je suis maquillée ». « J’ai réussi à gonfler mes cheveux pour donner l’illusion que je sors du lit et que l’apparence n’a pas d’importance pour moi ». Ben non. Ce n’est pas vrai. On joue tous des personnages. On joue tous la même joute.

Le vrai, on veut le voir, même s’il est faux. On veut du beau, fake ou pas. Que du beau. Les célébrités doivent nous faire rêver. Elles représentent l’image que nous aimerions tant atteindre sinon, gare à elles. Chirurgie esthétique, Botox, drogues, médicaments, on s’en fiche tant et aussi longtemps que cela ne paraît pas. Pas de vieilles, pas de grosses, pas de rides ni de cellulite, la vedette parfaite, quoi. Prends tes millions et organise-toi pour être belle sinon je le dirai à mes amis sur Facebook, Instagram et compagnie.

Ce phénomène n’est pas sans me rappeler le film Misery tiré du roman de Stephen King où Annie (Kathy Bates) garde en otage et maltraite le romancier Paul Sheldon (James Caan). Furieuse du déroulement de son dernier roman dans lequel il fait disparaître un personnage qu’elle affectionne particulièrement, elle est prête à tout, même à commettre l’irréparable, s’il ne change pas le cours de son histoire.

HILLARY CLINTON

Hillary Clinton est devenue la première femme à remporter les primaires démocrates dans la course à la Maison-Blanche, le 7 juin dernier. Mais voilà que ses détracteurs ont crié haut et fort que la tenue Armani estimée à 12 000 $ qu’elle portait lors de son discours sur la redistribution des richesses était inappropriée. Elle aurait dû consulter Pauline Marois qui a fait couler tant d’encre avec ses écharpes griffées et qui, pour redorer son blason de citoyenne exemplaire, nous avait fait visiter son modeste chalet dans Charlevoix, question de nous faire oublier son château de style Moulinsart dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal. J’oubliais, pour être crédible, on se doit de s’habiller chez Winners ou de se coiffer comme Donald Trump, et de ne pas étaler nos actifs.

AXL ROSE

Même les rockers n’échappent pas à la pression de l’image et redoutent les commentaires de leurs fans. Dans une chronique d’Hugo Meunier de La Presse + du 8 juin dernier, on peut y lire que l’entourage de Axl Rose aurait officiellement demandé à Google de retirer une photographie prise lors d’un concert en 2010 où le chanteur n’est pas à son avantage.

Les spectateurs se déplacent-ils pour le voir ou pour l’écouter? La vente de billets diminuera-t-elle parce qu’il est devenu gros? À moins qu’il ne mincisse pour la tournée et reprenne son gabarit d’obèse ensuite. Ne serait-ce pas de la fausse publicité que de le présenter mince comme un fil sur les affiches et gros comme un tonneau sur la scène?

Comment départager la fiction de la réalité, le vrai du faux, la vérité du mensonge, l’authenticité de l’imitation? Tant à l’international qu’au Québec, les autoportraits et les commentaires émis par les célébrités sont matière à des diatribes sur les réseaux sociaux. « Pèse sul piton Manon » dirait Guy A. Lepage à TLMP. Bouton d’indignation, de rage, de déception, d’accusation, de coups bas, les internautes s’arrogent le droit de dire tout, tout le temps, n’importe comment. Peut-être s’imaginent-ils que les autres sont fabriqués d’acier trempé. On a créé un monstre qui se nourrit des faiblesses et des malheurs des autres.

Que se cache-t-il derrière les réactions démesurées des internautes? Leur propre peur de vieillir, une dépendance affective avec l’inaccessible, le refus de leur ombre, c’est-à-dire la honte de leur propre corps ou de leurs échecs, un transfert de la colère à leur égard, une demande à l’aide, une tristesse face à leur vie?

On ne découpe plus de poupées en papier avec des ciseaux, mais nos icônes afin qu’elles correspondent à nos aspirations. Ciseaux sociaux ou réseaux sociaux?

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*Photo www.speederich.com


Et la liberté d’expression vestimentaire?

 

S’aventurer sur le terrain de la liberté d’expression en ce moment est un geste téméraire. Suite aux débats suscités par l’absence des humoristes Ward et Nantel au dernier Gala Les Olivier et de la polémique sur le droit de s’exprimer librement, je redoute presque d’être excommunié des réseaux sociaux avec mes propos. Au Québec, on ne fait pas dans la dentelle et on monte aux barricades à la moindre opposition à nos opinions. Le mot d’ordre semble être « Moi, moi, moi j’ai raison et toi, tu as tort. »

Je suis heureux de ce débat sur la place publique parce qu’il ouvre grand la porte à une situation similaire à celle vécue par les humoristes, la communication vestimentaire. Je me permets donc d’établir un parallèle entre le droit de dire ce que l’on veut en humour et le droit de porter ce que l’on veut au bureau. Tout est une question de « ton » et de « message ».

062510CasualFridayZM10.jpgBeaucoup d’entreprises se plaignent du laisser-aller vestimentaire de leurs employés et cherchent un remède à leur problème d’image. Avant de proposer « quoi porter » sur les lieux du travail, il faut d’abord comprendre pourquoi les employés optent pour un style plutôt qu’un autre et ensuite leur expliquer les incidences d’un look inadéquat au bureau. Il s’agit donc de décrypter les phénomènes de mode et les thèmes véhiculés par les employés.

Dans mes ateliers, quand je demande aux participants de préciser le mot par lequel ils aimeraient être définis, quelques thèmes sont récurrents : crédible, classique, décontracté et en tête de liste, AUTHENTIQUE. L’authenticité touche directement une des cordes sensibles des Québécois. Cette façon de voir et de faire trouve sa source dans des valeurs judéo-chrétiennes bien ancrées. On a longtemps associé la richesse ou l’élégance à quelque chose de prétentieux, d’au-dessus de la mêlée et, surtout, loin du peuple. Quelque chose dont il fallait se méfier ou même rejeter parce qu’élitiste. Notre rapport à l’habillement est teinté encore aujourd’hui par cette obsession de faire authentique. Les réflexions de Marie-Louise Pierson rejoignent les miennes : « Vous avez peur de l’image au nom de votre authenticité. »

Mais voilà qu’on confond authenticité et créativité, authenticité et liberté, authenticité et crédibilité. On a tellement besoin de faire « créatif », « intelligent », « libre des apparences » et à « l’abri de la mode » qu’on se drape dans un uniforme de contestataire version 2016.

« L’intention initiale de cette culture du dressing-down était sans doute louable car il était question, au début, de cultiver un environnement de travail rebelle et bohème, à grands coups de t-shirt à slogans intellectuels. Mais il semblerait aujourd’hui que ces idéaux aient été perdus de vue car le nouveau message semble être plus paresseux, du genre « je suis tellement absorbé par mon travail que prendre soin de moi et m’habiller est le dernier de mes soucis. » N’est-ce pas là une manière de dire « je me sens tellement supérieur à vous que les règles vestimentaires les plus basiques ne s’appliquent pas à moi. » – Sonya Glyn Nicholson

L’authenticité a le dos large. On l’utilise par conviction, arrogance, ignorance, comme un ticket qui donne droit à l’appartenance au groupe, pour cacher nos insécurités vestimentaires, un laissez-passer pour se distinguer des esclaves du complet/cravate, pour camoufler notre mauvais goût, un passeport pour la différence… « Celui qui teste les limites sans jamais les rencontrer aura le sentiment d’être victime d’un terrible abus le jour où une limite se dressera devant lui. » – Josée Touchette, psychologue, La Presse+, mardi 17 mai.

À ce que je sache, il n’y a pas de guide dans les entreprises qui spécifie qu’on ne doit pas cracher par terre, ni roter, encore moins « péter » devant ses collègues, question de courtoisie et de savoir-vivre. Il s’agit de règles tacites. Pourquoi alors est-il permis de porter les looks qui nous plaisent sans tenir compte de l’impact de nos choix sur les patrons et les clients de l’entreprise? N’est-ce pas aussi une forme de respect? Pourquoi associe-t-on le discours sur l’image à quelque chose de ringard, d’une autre époque? On ne parle pas ici de « bonnes manières », comme mettre les ustensiles du bon côté de la serviette de table, mais de messages véhiculés par nos vêtements.

Selon Myriam Hoffmann, consultante en image et directrice du cabinet Première Impression, chroniqueuse pour Le Monde Économique : La décontraction vestimentaire va de pair avec un déclin de :
• la productivité et de la qualité du service dans le travail
• la loyauté et de l’engagement
• la courtoisie orale
• l’éthique comportementale

Je mettrais cependant un bémol sur les propos de madame Hoffmann. Selon moi, le phénomène de l’authenticité et du « dress-down » est aussi une réaction à toutes ces prescriptions sociales qui nous oppressent, cette inquiétante montée de la droite politique et de la rectitude ambiante.
Nous vivons dans une société policée. Ça prend une soupape. » – Nathalie Petrowski, Les Échangistes, Radio-Canada, 16 mai 2016.

Il est important aussi de se rappeler que certaines entreprises pratiquent la ligne dure et sont catégoriquement opposées au « dress-down ». À preuve, cet article de Sylvia Galipeau dans La Presse+ du 13 mai 2016, Pétition contre le « sexisme » des politiques vestimentaires dont voici un extrait :

«…Une jeune secrétaire de 27 ans s’est fait renvoyer par ses patrons parce qu’elle refusait de porter des talons. » « Au Québec, la liberté et la dignité des personnes sont protégées par l’article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne. Théoriquement, un employeur n’a donc pas le droit d’obliger des employées à porter des vêtements comme des talons hauts, des minijupes et autres blouses transparentes. »

Dans un clan comme dans l’autre, il ne faut jamais oublier que le vêtement est un écriteau suspendu au-dessus de nos têtes sur lequel est écrit noir sur blanc le fond de notre pensée. C’est ce pouvoir qu’on lui confère qui nous insécurise. Ainsi notre sens de la rébellion ou de la conformité, notre personnalité, nos talents et nos états d’esprit se révèlent grâce à lui. Le vêtement peut détonner comme une fanfare ou s’accorder avec l’atmosphère ambiante avec une élégance toute en finesse.

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Photo: Maurilio Amorim


L’avènement des mannequins seniors est en marche, effet de mode?

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Depuis quelque temps, les données sur le phénomène des seniors abondent pour quiconque s’intéresse au sujet. Toute une armée de sociologues, ethnologues, politologues et anthropologues se penche sur cette espèce oubliée depuis des décennies au profit de la jeunesse. Auront-ils le temps de remettre le fruit de leurs recherches avant que le thème s’épuise? L’information sur les seniors circule rondement et presque tous les médias s’y intéressent : affaires, style, décoration, beauté, santé, tant dans les réseaux sociaux que dans les magazines et les journaux.

Les mannequins seniors, ces mamies et ces papis aux cheveux gris et blancs, reprennent du galon sur les podiums et représentent les grandes marques de cosmétiques et de beauté. Le magazine Elle Québec du mois de mai titre à ce sujet: «Tempes grises et style de feu» (Yves Schaëffner).
«Les choses changent enfin. Cela fait très longtemps qu’il y a une frustration à l’égard de la mode et de la beauté qui n’utilisent que des  jeunes femmes pour les représenter.» Isabella Rossellini, La Presse, 14 avril 2016. Journaliste Yves Schaëffner.

Les économistes eux, dans la foulée des prédictions de Faith Popcorn, experte de la boule de cristal des phénomènes de consommation, prévoient un futur très lucratif pour les commerçants qui exploiteront ce filon, la Silver economy. Sommes-nous devenus la saveur du jour, les seniors, vus et présentés autrement dans les médias ? Peut-être verrons-nous des publicités autres que les marques de colle à dentiers, les couches, les fuites urinaires, le viagra. Sont-ce nos 15 minutes de gloire? En espérant que les publicitaires ne ramèneront pas trop vite leur slogan «Tasse toé mon oncle». Vaut mieux en profiter tout de
suite.

Âgé de 65 ans, je ne peux que me réjouir de voir mes semblables être courtisés par le marketing, la publicité, les faiseurs d’image et voir des profils d’individus qui me conviennent pour promouvoir des produits. Même si je n’habite plus la métropole et que mes apparitions publiques se font rares, je n’ai pas perdu mon sens esthétique, et mon goût du beau ne s’est pas dissous dans la nature. Cependant, je dois déployer plus de temps et d’énergie à trouver des vêtements qui correspondent à mes standards vestimentaires. Plus j’avance en âge, plus les choix se font rares et moins le personnel de vente me prête attention. Suivez-moi dans une boutique avec une caméra cachée et vous verrez de quoi je parle.

Les statistiques sur notre pouvoir d’achat et la force du nombre qui nous caractérise n’intéressent aucunement des vendeurs dans un magasin. Qu’attendent les manufacturiers pour s’adapter à nos morphologies, nos corps flasques et nos bedons? Être senior ne se résume pas à être un joli minois qui a bien vieilli. Ce sont aussi des besoins différents, une écoute sincère et des employés formés et informés du profil de ces consommateurs si «importants» que nous semblons être devenus.

Vous vous demandez si les vieux ne vont pas déloger les milléniaux. Ne vous faites pas de soucis. Nous sommes loin de la coupe aux lèvres. Et c’est là que le bât blesse. La mentalité face aux seniors dans un contexte de mode et de style n’évolue pas à la même vitesse que la publicité et les articles de journaux qui encensent le phénomène. Dans cette société du prêt à jeter, les tendances se succèdent à la vitesse de l’éclair. Puisque toute chose attire son contraire, les polarités jeune/vieux occupent les deux extrémités du balancier. Au centre, une transition.

«Ça veut dire qu’il y a comme un espèce de passage intéressant dans la mesure où je ne suis plus une jeune actrice et que je ne suis pas encore une vieille actrice. Peut-être est-ce un passage vers les femmes matures.» Élise Guilbeault, La Presse, 15 avril 2016. Journaliste : Chantal Guy.

Comment se fera cette transition énoncée par Élise Guibeault? Voilà toute la question. Difficile d’imaginer l’industrie du rajeunissement baisser les bras et encore plus toutes ces personnes qui se battent becs et ongles pour avoir l’air jeune. Mais voilà qu’un senior n’a pas l’air d’avoir un autre âge que le sien. Il représente un individu d’un certain âge, bien dans sa peau (ridée), complice de la vie et heureux de la place qu’il occupe dans ce monde.

Selon Marie-Josée Trempe, propriétaire de l’agence de mannequins Specs à Montréal, «Un mannequin senior embrasse son âge, affirme-t-elle. Il n’essaie pas de se rajeunir.»

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*Crédit Photo: Rolex


Le retour des zombies chez Saint Laurent

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Depuis 15 ans, tant lors de mes conférences que dans mes ateliers, la question des mannequins trop minces ressurgit. Cette situation, bien que réelle, occupe souvent beaucoup de place dans mes communications et fait ombrage à d’autres sujets que je propose. Pour certaines participantes à mes ateliers, elle devient la cause première de toutes leurs frustrations ce qui m’empêche d’explorer d’autres sources reliées aux malaises corporels et vestimentaires.

Par solidarité aux créateurs de mode, j’ai longtemps voulu expliquer le cirque des défilés de mode en affirmant que ce n’était que du show, un outil de promotion au même titre que le salon de l’auto ou de l’habitation. Une tendance vestimentaire, comme un texte, doit parfois être extravagante, presque caricaturale pour qu’on en retienne l’essence.

Mais voilà qu’on rajoute du sel dans la plaie. Le défilé de la maison de couture Saint Laurent offert par Hedi Slimane pour la Fashion Week à Paris dernièrement m’a consterné. Aujourd’hui, je ne défends plus l’indéfendable. Je n’entends plus à rire, ni à justifier ces photos de mannequins démesurément maigres.

Ce phénomène des filles sous-alimentées est un cauchemar récurrent. Il arrive et repart par vagues. Alors que je croyais la partie, non pas gagnée, mais en nette progression dans les médias, le retour d’une maigreur très affichée lors de cet événement hautement médiatisé nous ramène des années en arrière. Alors que tant de gens déploient de l’énergie pour promouvoir la diversité corporelle, ces zombies réapparaissent et nous frappent en bas de la ceinture.

Le débat n’est pas récent; il a écorché au passage des boucs émissaires qu’on cherchait à culpabiliser. Qu’il suffise de penser à cette ancienne propriétaire d’agence de mannequins à Montréal, recyclée en prof de yoga, qui reprend cette infamie entendue en France : « Les créateurs de mode privilégient les mannequins minces parce qu’ils leur rappellent les corps des jeunes hommes. » Ou cette autre qui en rajoute : « Les designers sont des gais qui n’aiment pas les femmes. » Soyons rassurés, nos créateurs d’ici n’ont pas le contrôle de l’industrie ni cet esprit tordu.

Mais que se passe-t-il donc avec la place des femmes dans la société ces derniers temps? Marcel Aubut du Comité olympique canadien qui admet que le taponnage des popotins est d’une autre époque, des femmes qui craignent de s’associer au féminisme pour des raisons similaires… Pourquoi insinuer « une autre époque »? J’ai l’impression en ce moment qu’on est plutôt à cette époque pas si lointaine, celle où on parlait du chemin à parcourir pour la libération des femmes, où on dénonçait les modèles dégradants pour les représenter.

Certains diront que j’exagère et que la situation s’est améliorée, que c’est « moins pire » qu’avant. J’entends le même discours pour ce qui est de l’acceptation des gais par la société. Belle façon de neutraliser le débat, de l’étouffer, comme on sait si bien le faire ici. En parler ne veut pas dire le régler. Peut-être est-ce ma propre marginalité qui me fait tant sursauter?

Quand un animal est décharné à ce point, tels les mannequins du défilé de Saint Laurent, on porte plainte à la Société de la protection des animaux, mieux encore, on le signale à la police plutôt que de le glorifier en première page des magazines de mode, ces bibles du bon goût.

Alors qu’on recherche des modèles positifs pour les jeunes filles, qu’on parle d’égalité homme femme, qu’on s’efforce de redonner confiance et espoir aux femmes qui ont un rapport trouble avec le vêtement, l’alimentation, la beauté, on tire à des milliers d’exemplaires des photos de femme-enfant, femme-pitoune, femme soumise, femme-agace, la folle du shopping, l’obsédée du ménage, la chialeuse qui se plaint de la situation de la femme. Misère!

Aujourd’hui j’ai un goût amer même si la chasse aux sorcières n’est plus ma tasse de thé. Je m’intéresse davantage aux dommages collatéraux de ces images qui empoisonnent la société. Ils sont insidieux et s’infiltrent à nouveau dans nos retranchements. Une fois de plus, le contact avec le consommateur se brouille. On rame à contre sens. L’image corporelle est un château de cartes.

Comment pourrais-je reprocher aux femmes qui assistent à mes conférences de ne pas soulever ce malaise alors qu’il m’affecte autant qu’elles? Il faut redoubler de vigilance, ne pas baisser les bras ni abandonner et surtout ne pas tomber dans le piège que le vêtement n’est que le prolongement de cette image négative de la femme.

La mode, le glamour et le marketing ont éloigné le vêtement de son sens véritable. La mode fait du show, le vêtement fait du sens. Le vêtement est un outil d’émancipation, d’éveil et de révélation de soi alors que la mode, dans sa structure commerciale, peut être source d’aliénation.
La mise en marché de la mode est un cirque médiatique basé sur des principes de vente et de marketing. Vendre un corps ou vendre un char repose sur les mêmes stratégies : acquérir ce bien symbolisant un idéal pour atteindre la réussite et m’accomplir.

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Le vêtement trompe-l’oeil

Luc Breton_105

Depuis quelques semaines je suis interpellé par deux thématiques très populaires dans les médias et les réseaux sociaux : la maladie mentale et le défi 28 jours (28 jours sans boire d’alcool). Ces deux thèmes me visent directement. Je me réjouis qu’enfin on puisse publiquement évoquer nos parties d’ombre sans soulever tout un tollé.

Dédouané de mes dépendances et réhabilité en 1984, il m’est apparu évident que les vêtements ont un pouvoir immense dans le jeu des apparences et dans cette notion de l’être et du paraître. Déjà sensibilisé à cette époque à la socio-psychologie du vêtement il relevait du simple bon sens et de la logique que je m’intéresse à ce phénomène social. Le vêtement trompe-l’œil qui laisse croire au mirage m’a permis de berner mon entourage sur mon état de vie d’alors. Qui souffre le plus, l’intérieur ou l’extérieur?

De 19 à 33 ans, j’accumule les jobs, mais les échecs sont cuisants et proportionnels à mes ambitions. Rien ne me satisfait. Ma vie affective est un désastre, une peine d’amour terriblement souffrante me mène à la dépression.

Découragé et persuadé que je n’aboutirais jamais à rien de bon, je consomme drogue et alcool pour taire cette voix intérieure qui me rabâche le refrain triste de ma condition et qui résonne comme un marteau piqueur dans ma tête. Convaincu d’être un homme peu sympathique, un personnage dessiné aux traits gras, sans aucun pouvoir de séduction, je végète dans les bars! La tristesse m’habite à temps plein, l’abattement aussi. La dépendance aux substances me rapproche de l’animal en quête de survie.Je me réfugie dans ma langueur. Ce mal de vivre et cette souffrance intérieure sont difficilement perceptibles tellement mon port de tête et mon style affichent une personnalité sûre d’elle et déterminée. Ma prestance et ma classe éliminent tout soupçon sur mes états d’âme. Souffrir en silence, mais en beauté. Le vêtement travestit non seulement mon alcoolisme et ma toxicomanie, mais aussi mon anxiété chronique. Il camoufle ma fragilité. Je peux sembler prétentieux quand j’évoque mon port de tête, ma classe ou mon élégance, mais mon intention est de démontrer le rôle du vêtement dans notre histoire personnelle, dans nos habitudes et dans nos comportements et non de faire étalage de mon sens esthétique ou encore de laisser croire en mes moyens financiers.

Lors de mes conférences et ateliers, il arrive parfois que quelqu’un s’insurge contre mon discours et riposte sèchement à mes arguments. Beaucoup de gens croient encore qu’une tenue vestimentaire adéquate est synonyme de vêtements griffés ou de grandes marques ce qui crée des frustrations et alimente le préjugé que la mode est accessible à un groupe restreint de citoyens.

J’avais une personnalité réversible contrairement à mes vêtements. Est-ce la raison pour laquelle les gens m’accordaient leur confiance et souscrivaient à mes projets, sans se douter de tout ce mal qui me rongeait? Je mentais inconsciemment aux autres, mais aussi à moi-même. Qui ment le plus, la raison ou l’émotion?

« C’est pour cela que vous êtes artiste. Vous avez trouvé par le chant, par l’art, par l’apparence, la posture, le moyen de vous faire accepter. » Boris Cyrulnik

Si fier de moi et heureux d’annoncer ma décision d’arrêter de consommer, les réactions ont été mitigées à mon grand étonnement quand j’ai partagé la nouvelle de ma sobriété à mon entourage. La plupart des gens se disaient surpris d’entendre les mots «alcoolique et toxicomane» venant de ma part, moi si confiant, fonceur, déterminé et bien stylé. Certains amis croyaient même qu’il s’agissait d’une boutade pour me donner de l’importance et que cette crise d’identité passerait. Je confondais «fêtard» et «ivrogne» selon certains. Un alcoolique n’est-il pas quelqu’un qui mendie, édenté, qui erre dans les parcs et qui porte des haillons?

La sobriété ne m’a pas épargné des mauvaises décisions d’affaires, des conflits familiaux, des deuils, ni de la maladie, mais elle m’a enseigné qu’inévitablement le soleil fait place à l’orage. J’ai retrouvé graduellement confiance en mes moyens et mon abstinence a été ma bougie d’allumage vers des jours nettement plus prometteurs.

On est loin de la coupe aux lèvres et la partie n’est pas gagnée concernant les maladies de l’âme, je sais, et la simple expression «maladie mentale» effraie encore un bon bassin de la population et les préjugés sont tenaces. C’est comme les punaises de lit, c’est malheureux pour ceux qui en hébergent, mais il demeure toujours un doute sur la propreté de leur maison. On tire vite des conclusions, occupés que nous soyons à juger, le cerveau lessivé par la désinformation.

Révéler ses secrets, même à l’âge adulte, est un risque à prendre. On ne parle pas de ces choses-là. Puisque je «porte» bien la boisson et que cela ne paraît pas, le déshonneur est moindre pour mon entourage au même titre que mon homosexualité d’ailleurs. Les familles tolèrent plus facilement les modes de vie des membres récalcitrants de leur communauté tant et aussi longtemps qu’ils ne sont pas révélés au grand jour et ne voient souvent dans leurs comportements que faiblesse et manque de volonté. L’ignorance est un poison. La perception donne le ton à l’évaluation que nous faisons des gens et des circonstances. Elle est un élément important à considérer dans la dynamique d’une lecture vestimentaire.

Être fier de soi, de ses réalisations, est crucial pour un rétablissement. Le manque de confiance en soi anéantit notre potentiel créatif et nous maintient dans une zone d’insatisfaction. Une fois de plus, le vêtement a participé à mon histoire. «Le vêtement est narratif, il raconte quelque chose» Anonyme

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Mon cher petit Jean Airoldi

Photo de Luc Breton, ACV.

On se connaît depuis longtemps, je t’ai déjà enseigné à Sherbrooke, nous sommes de la même région et tous les deux nous sommes de vaillants Capricornes, toi du premier décan, moi du dernier. Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises dans ce petit univers québécois de la mode, avons partagé l’antenne à la radio et fréquenté les mêmes événements.

Je sais à quel point tu as travaillé avec acharnement sans jamais baisser les bras. Je salue ta résilience après tous ces commentaires mesquins sur ta personne ou sur tes performances. Avec le temps tu as gagné ton pari et on t’accueille sur toutes les tribunes, même Radio-Canada t’invite à ses émissions de variétés, c’est peu dire.

Ton sourire contagieux fait de toi une personne charmante et jamais en ta présence on se sent juger. Jamais tu ne déblatères contre les autres ni ne passes de commentaires désobligeants. Tu es le gendre parfait que tant de mères souhaiteraient avoir. Un homme élégant, avec de la classe et du goût et de surcroît qui n’est pas gay. Une pièce rare qui vaut un pesant d’or pour les mamans.

Mais, puisqu’il y a souvent un mais, tu n’as pas de vocabulaire. Tu surutilises le mot «petit» à outrance. Je sais, dans la culture québécoise, le terme petit a une connotation affective, c’est charmant. Mais l’utiliser jusqu’à 10 fois dans une même chronique dépasse l’entendement. Nous ne sommes pas un petit peuple avec de petites ambitions dans un petit pays. Petite robe, petite chaussure, petit collier, petite boucle, petit budget, je sais aussi.

Tu vois mon cher petit Jean, les auditeurs et les clients aiment entendre de nouveaux mots, de nouvelles expressions. Cela fait partie de l’expérience de se vêtir. Par exemple : asseoir des lunettes sur son nez, enfiler un bracelet, crinière de jais, poche poitrine, look suranné, look affiné, mortier, mantille, liquette, un style abouti, jeans avachis…

Aussi, l’utilisation d’un vocabulaire adéquat donnerait à la mode une chance d’atteindre ses lettres de noblesse et ne pourrait qu’ajouter en crédibilité à cette industrie qui encore aujourd’hui est bombardée de préjugés. Selon les ayatollahs de la «première impression» le langage, donc les mots, font partie de ce tout qui caractérise un individu. Habiller son corps et habiller son langage.

Je te propose mon cher petit Jean de te coacher, comme ça, pour le plaisir des mots et des auditeurs. En attendant, «slack» un peu sur les diminutifs.

J’attends ton appel.

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