On se connaît depuis longtemps, je t’ai déjà enseigné à Sherbrooke, nous sommes de la même région et tous les deux nous sommes de vaillants Capricornes, toi du premier décan, moi du dernier. Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises dans ce petit univers québécois de la mode, avons partagé l’antenne à la radio et fréquenté les mêmes événements.
Je sais à quel point tu as travaillé avec acharnement sans jamais baisser les bras. Je salue ta résilience après tous ces commentaires mesquins sur ta personne ou sur tes performances. Avec le temps tu as gagné ton pari et on t’accueille sur toutes les tribunes, même Radio-Canada t’invite à ses émissions de variétés, c’est peu dire.
Ton sourire contagieux fait de toi une personne charmante et jamais en ta présence on se sent juger. Jamais tu ne déblatères contre les autres ni ne passes de commentaires désobligeants. Tu es le gendre parfait que tant de mères souhaiteraient avoir. Un homme élégant, avec de la classe et du goût et de surcroît qui n’est pas gay. Une pièce rare qui vaut un pesant d’or pour les mamans.
Mais, puisqu’il y a souvent un mais, tu n’as pas de vocabulaire. Tu surutilises le mot «petit» à outrance. Je sais, dans la culture québécoise, le terme petit a une connotation affective, c’est charmant. Mais l’utiliser jusqu’à 10 fois dans une même chronique dépasse l’entendement. Nous ne sommes pas un petit peuple avec de petites ambitions dans un petit pays. Petite robe, petite chaussure, petit collier, petite boucle, petit budget, je sais aussi.
Tu vois mon cher petit Jean, les auditeurs et les clients aiment entendre de nouveaux mots, de nouvelles expressions. Cela fait partie de l’expérience de se vêtir. Par exemple : asseoir des lunettes sur son nez, enfiler un bracelet, crinière de jais, poche poitrine, look suranné, look affiné, mortier, mantille, liquette, un style abouti, jeans avachis…
Aussi, l’utilisation d’un vocabulaire adéquat donnerait à la mode une chance d’atteindre ses lettres de noblesse et ne pourrait qu’ajouter en crédibilité à cette industrie qui encore aujourd’hui est bombardée de préjugés. Selon les ayatollahs de la «première impression» le langage, donc les mots, font partie de ce tout qui caractérise un individu. Habiller son corps et habiller son langage.
Je te propose mon cher petit Jean de te coacher, comme ça, pour le plaisir des mots et des auditeurs. En attendant, «slack» un peu sur les diminutifs.
J’attends ton appel.