« Ceci est mon corps, je vous le donne. » dit symboliquement le Christ à ses fidèles Apôtres dans la Bible. « Ceci est mon christ de corps, qu’il le reprenne » me réplique une participante inscrite à mon atelier À corps perdu. « Que de haine à l’égard de son enveloppe charnelle », me dis-je. Toutes et tous n’ont pas ce jugement sévère à l’égard de leur corps mais les recherches sur le sujet tendent à démontrer que peu de femmes (et de moins en moins d’hommes) évaluent positivement leur physique. Le discours n’est pas récent et le phénomène abondamment documenté. Mais encore!
Collectivement ou individuellement, quels gestes poserons-nous pour ramener de la compassion à l’égard de nos corps? Y aura-t-il une fin à ce saccage? Oui, la fin du monde prévue le 21 décembre 2012 me direz-vous. Je sais, mais c’est trop loin.
À la question posée dans cet atelier : « Quelle partie de votre anatomie aimez-vous le moins? » les réponses entendues me donnent l’impression d’habiter la maison des horreurs en cette veille d’Halloween. Cou trop long (femme girafe), rotule du genou trop grosse, cuisse comme un jambon de Parme, fesse-tonneau, épaules de footballeur, nez de boxeur, main de truckeur, sans oublier les classiques : vergetures, cellulite, cheveux raides comme des rideaux de douche, bouche trop petite, lèvres trop minces, oreilles décollées….Faites votre choix.
Tenir les disgrâces du corps responsables de nos malheurs, de notre manque de confiance et de notre difficulté à se réaliser n’est-il pas une fausse raison pour détourner un malaise qui nous habite? La critique paralyse d’autant plus que l’évaluation du « body » est souvent faite à travers un prisme déformant.
Que garantissent la beauté et un corps sculpté sinon que d’être admirés et désirés. L’intelligence suscite l’admiration et la richesse symbolise la réussite. Que cherche-t-on véritablement? Quels sont nos déficits? L’amour, l’adulation, la séduction, la gloire, et quoi encore?
À ces écorchés de l’apparence physique, je suggère de miser sur leur capital. Capital-sourire, capital-empathie, capital-santé, capital-charme, leur signature humaine quoi!
Plutôt que de focaliser l’attention sur l’arbre qui cache la forêt, valorisez votre marque de commerce : votre œil inquisiteur, votre sourire complice, vos mains de déesse, vos jambes hollywoodiennes, vos lèvres soutenues, votre teint éclatant, votre voix de lectrice, votre port de tête princier. Demandez à vos amis ce qui vous distingue de la fille d’à côté.
« Un ange comme un diamant ne se fabrique pas mais se découvre. »