De Rouyn-Noranda, de l’île d’Orléans, de Dudswell, du Guatémala et de Magog, nous affluons, fébriles, impatients de renouer avec la gang. Le géant, la ronde, le colibri, le créatif, l’effacée et le beau gosse sont les personnages de mon cirque personnel, de mon cercle d’amis. Notre rencontre biennale se tient cette année à Key West.
« Comme si c’était hier! », « Tu n’as pas changé! », « Toujours aussi élégant! », « Hé, mémée, comment on se sent grand-mère? ». Pendant presque 30 ans, les contacts se sont faits rares. Les enfants, la carrière à l’étranger, un parent malade, un changement de carrière. Les ingrédients de la vie, quoi!
Aujourd’hui, c’est l’amour-amitié à l’état pur. Le transfert de sensations s’opère naturellement, sans mots inutiles et les détails, superflus. Lors de nos promenades quotidiennes sur la plage, j’observe le clan et m’amuse à le prendre en photos. Je construis des montages en y ajoutant des phylactères et présente au souper mon interprétation de la journée. Colibri, qui jouit d’un corps sculpté, collectionne les maillots de bain et ses choix vestimentaires lui font honneur. Grand-mère depuis peu, elle cherche le plus beau des coquillages possible pour son petit-fils. Mimi, la ronde, symbolise la sensualité. Féminine et élégante, elle ne se sépare jamais de ses bijoux massifs et excentriques, ni de son sourire contagieux d’ailleurs. Un look d’enfer… Quelle beauté! Le géant au visage poupin, son amoureux, est pendu à ses lèvres (et à sa poitrine, soyons honnêtes!). Il voyage léger, ne croit pas à l’efficacité des crèmes solaires, fume le cigare et nous fait partager ses choix musicaux partout où nous allons. L’incarnation du beach boy sexygénaire.
Marie-Thérèse, elle, vit dans l’ombre. L’ombre de son patron, de sa mère et même de son look. Cultivée, rieuse, elle laisse entièrement la place aux autres, a horreur d’être aux premières loges. Son corps, sous l’effet de si peu d’amour de soi, s’est modulé à ses pensées et penche vers l’avant. Tout le contraire du beau gosse, bel être de commerce agréable, qui prépare la bouffe, décore la table et s’assure que le vin coule à flot. Il prend bien soin de concocter des apéros non alcoolisés aux abstinents. Cool! Avec sa tête sel et poivre implantée sur un corps juvénile et sa taille de guêpe bridée par un paréo à la limite de la décence, les filles s’énervent. Grâce à sa face basanée qui encadre des yeux noirs pétrole, on le dirait mexicain ou arménien et pourtant, il est de Rouyn.
Toute cette mayonnaise prend grâce au talent d’amuseur et de rassembleur du créatif. L’angoisse est la dîme de ses choix de carrière. Pour oublier, le temps des vacances, que la relève qu’il a lui-même formée l’a poussé dans les câbles du ring, il s’amuse à décorer les membres de la tribu. Chapeaux, turbans, bijoux, saris, maquillage et séance de photos. Aucune retenue. Place à la parure et à la thérapie par le déguisement. Mettre en lumière nos personnages de ti-culs et nos héros refoulés. Au diable le profilage vestimentaire, l’âge, la morphologie, le code social.
Comment peut-on, au quotidien, dans notre vie personnelle, professionnelle, sociale et affective, exposer avec le support du vêtement la partie vivante de notre être?
Je vous invite à me partager vos expériences vestimentaires, votre démarche, vos défis, vos rêves et comment aujourd’hui, dans ce monde d’image parfaite, vous conciliez apparence et sérénité.
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