Jade m’écrit cette note à la fin de son examen de session : « Monsieur le professeur, je vous aime bien mais votre obsession de la saint-taxe m’exorbite. » À l’encre rouge je rajoute : » Qu’essaies-tu de me communiquer exactement? Que je t’exaspère. Ne te fais pas de soucis, il n’y a pas de taxe sur ta note d’examen ».
Hugo Dumas de La Presse nous a maintes fois décrié la « lalaïsation » des participants de Loft Story. « J’m’ai dit, ça va d’être le fun » et « Y sont ta fins avec moi » n’en sont que quelques exemples.
Imaginez le Petit chaperon rouge qui s’adresse à sa grand-mère en ces termes : « Ostie de calice grand-maman quesse tu veux con fèse? » « Un bon juron ça donne le ton et un gros rire gras ça replace les chakras » disait Gérard, prof de philo au Cégep. J’en doute! Certains mots sont chargés de pouvoir, d’autres de finesse, tout comme le vêtement. Y a-t-il une corrélation entre notre langage verbal et notre langage vestimentaire? Pauvreté esthétique rime-t-elle avec médiocrité de la langue? Pas nécessairement mais l’une comme l’autre nous questionne sur un individu.
Une faute de goût est comparable à un lapsus. Un employé qui prend congé pour un rendez-vous chez sa « théra pute » fait sourire et peut semer le doute sur ses intentions. Une cravate mal assortie n’est rien de plus qu’un délit vestimentaire et ne prouve pas l’indifférence d’un homme sur son apparence.
Cependant, le raté vestimentaire ou le manque de cohérence de notre tenue par rapport aux circonstances, aux gens que nous rencontrons et à notre environnement témoigne de notre manque de connaissance des codes et peut laisser une impression de relâchement. Qu’elle soit vestimentaire ou langagière, cette mollesse est une composante de notre image et « on sexe pose » à des perceptions erronées de la part de nos interlocuteurs. Selon Marie-Louise Pierson, psychanalyste et auteure de nombreux livres sur l’image « Le look peut parasiter notre discours ».
Le précepte « Soyez cool » est une arme à deux tranchants. Je parle je mange et je m’habille comme je veux, mais on m’entend, on me regarde et on m’évalue en conséquence. L’effet provoqué est-il celui souhaité?
Aude Roy, coach en image, est formelle. « Chaque vêtement que vous portez, chaque accessoire qui vous accompagne est un mot de vous, un mot sur vous. Considérez les éléments qui composent votre image comme du vocabulaire ».
À “suire”.